Des milliers de bâtiments commerciaux et de terrains sont inoccupés dans tout Londres. Leur utilisation par des artistes et des créateurs pourrait dynamiser l’économie de la ville.

Des pop-store et studios pour artistes dans les commerces vides

Dans la capitale anglaise, 24 400 locaux commerciaux sont vides, dont 90% sont inoccupés depuis au moins six mois. Ces chiffres, publiés par U and I Group et Center for London, le think tank dédié à Londres, sont accompagnés de recommandations. Le rapport préconise que ces espaces soient loués pour un usage temporaire. Il est notamment proposé de les réserver pour des magasins éphémères (pop-up store), des lieux communautaires et des studios de création. Mieux, certains pourraient devenir des lieux d’exposition. Une solution qui pourrait n’être qu’une transition, avant que les propriétaires ne trouvent un locataire pour un usage commercial.

L’idée est clairement de venir casser la lourdeur administrative et l’usage classique d’espaces de bureaux ou de locaux commerciaux. La flexibilité est nécessaire. Avant la reconversion d’un site et le début des travaux, ou en attendant un nouveau locataire, un commerce ou un bureau pourrait avoir le droit à une « autre vie », temporaire.

Utiliser les espaces inoccupés, plus compliqué qu’on ne le pense

« Les propriétaires surestiment souvent les risques et sous-évaluent les avantages de céder un espace dans le cadre d’un usage temporaire » peut-on lire dans le rapport. Frilosité des propriétaires ? Certes, mais aussi cadre législatif qui ne permet pas de rendre un espace non-utilisé accessible facilement pour un usager différent. Le changement d’usage entraine parfois des blocages (assurance, sécurité, etc.). Et si les différents arrondissements londoniens publiaient régulièrement une carte des locaux disponibles, en utilisant l’open-date ? L’idée est émise. Il serait alors aisé de repérer et réserver un lieu. Mais les processus administratifs doivent suivre.

L’art est au cœur de cette vision émise par U and I Group et Center for London. Les espaces inoccupés sont notamment présentés comme adaptés pour des expositions d’artistes, des galeries d’art éphémères. Une utilisation qui pourrait donner lieu à des événements inédits, et dynamiser la demande. Car in fine, l’objectif est d’apporter de l’économie et du dynamisme via ces espaces.

Les liens entre espaces de bureaux, commerces et art

Associer l’art et les espaces vides, c’est une idée qui ne date pas d’hier ! De nombreuses initiatives qui lient la création artistique avec la location d’espaces existent. Citons notamment le travail de l’association Les Amarts, au Havre, qui utilise des espaces vacants pour valoriser et exposer des artistes locaux . Idem à Tournai , en Belgique ou encore à Brest avec des dessins sur les commerces abandonnés . Autre exemple à Marseille : dans la rue de la République en transformation, une installation de bâches artistiques posées sur les commerces vides par l’association Marseille 3013 a permis d’apporter un peu de vie et de culture, là ou l’économie est en panne.

A Londres comme à Paris, notamment, d’autres projets visent à transformer durablement les espaces inoccupés de taille importante en logements. Car si l’art a un rôle à jouer pour utiliser ces lieux vides temporairement, convertir ces espaces est parfois nécessaire ! La conversion de commerces ou bureaux en logements n’est pas aisée. Coûts de construction, coûts de modification de l’usage, réticence des propriétaires à basculer sur du logement résidentiel… Les freins sont nombreux , mais les idées sont légion pour limiter la vacance et optimiser l’utilisation des espaces.