Les élections municipales sont l’occasion de faire le point sur les grandes évolutions qu’a connu le marché de l’immobilier à Paris ces dernières années. Car le logement représente un des principaux enjeux à Paris, tout comme les questions plus globales d’urbanisme et d’aménagement de l’espace. Que prévoient les principaux candidats dans leurs professions de foi ? Réponses.

 

Grands projets et vie quotidienne : où placer le curseur ?

 

Parmi les candidats au poste de Maire de Paris, on ne perçoit pas les enjeux de développement et de gestion de l’urbanisation de la même manière. Ainsi, la candidate LR Rachida Dati (en tête dans les sondages à moins de 10 jours du scrutin) se veut, selon ses mots, être « la maire du détail ». « Je connais la réalité des Parisiens. Avant de promettre des grands projets qui ne verront jamais le jour, revenons déjà aux fondamentaux ». Grands projets ? Un terme qui fait un peu écho au « Grand Paris » et au « Grand Paris Express ». Rachida Dati veut marquer sa distance. Paradoxal car ce Grand Paris a été imaginé et promu par un de ses soutiens fort, le président de la République Nicolas Sarkozy. Louable est son intention d’être au plus proche des attentes quotidiennes.

 

L’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn, parachutée pour sauver la campagne LREM en lieu et place de Benjamin Griveaux, parle comme sa rivale désignée de sécurité et de propreté. Sur le volet logement, largement éludé par Rachida Dati donc, Agnès Buzyn veut « remettre sur le marché au moins 20 000 logements vacants, sur les plus de 100 000 existants, au cours de la mandature ». Elle évoque notamment pour y parvenir l’accent qu’elle souhaite porter sur les solutions de garanties du paiement des loyers en simplifiant les démarches pour les propriétaires. Il faut en effet souligner que le nombre de logements vacants est particulièrement élevé dans la capitale (8,1%). Un chiffre conforme à d’autres grandes métropoles mais surprenant au regard de la tension du marché.

 

Le « logement pour tous », promesse tenue ?

 

La maire sortante Anne Hidalgo voulait en 2014 faire du logement sa grande priorité. Elle est parvenue à tenir en partie cette promesse. 40.000 logements sociaux ont été créés. Le parc de logements sociaux représente désormais plus de 20 % des logements (23%). Une nette progression car ils ne pesaient que 15,6 % en 2008 et 18,46 % en 2014. « Le taux de 25 % en 2025 devrait être atteint » indique l’Institut Montaigne[1]. A moins que… Rachida Dati n’en décide autrement. Dans son programme, la candidate LR a d’ores et déjà annoncé qu’elle souhaitait vendre 3 % du parc de logements sociaux, à destination des Parisiens de la classe moyenne.

 

L’objectif d’Anne Hidalgo concernant la transformation de bureaux en habitations a été atteint (à savoir reconvertir 200.000 m² de bureaux obsolètes en habitations). Du positif, il y en a. Mais son mandat restera marqué par l’émergence difficilement régulée de la location courte durée (Airbnb en tête) qui change radicalement le paysage du foncier. Le franchissement du cap symbolique du 10.000 euros le m² et un parc locatif saturé comptent également comme les éléments forts de ces dernières années.

 

Des projets d’urbanisation qui ne verront pas tous le jour

 

Agnès Buzyn a fait le tri parmi les propositions émises initialement par Benjamin Griveaux. Ainsi, elle n’a pas repris le projet de « Central Park à la française ». Il s’agissait pour rappel de transformer 30 hectares en espaces verts en déplaçant l’intégralité de la Gare de l’Est au niveau de la porte de la Villette (XIXe). Un projet qui ne verra pas le jour. Un trop « grand » projet ?

 

Des grands projets, réalistes ou plus farfelus, les différents candidats en ont. David Belliard, EELV, et la candidate Anne Souyris, tête de liste écologiste dans le XIIIe arrondissement, veulent que les parisiens retrouvent la Bièvre. Ce petit cours d’eau méconnu affluent de la Seine coule sous les Ve et XIIIe arrondissements de Paris. Un projet chiffré à plus de 50 millions d’euros, qui pourrait bien aboutir. Car ce projet a déjà été envisagé par la municipalité actuelle. Surtout, la Bièvre est désormais mise en valeur dans certaines communes comme l’Haÿ les Roses (Val-de-Marne), qui l’a partiellement découverte, ou encore dans les villes voisines d’Arcueil et de Gentilly.

 

Et le périphérique ? Il donne lieu lui aussi à réflexion. Lorsqu’il était candidat, Gaspard Ganzer (qui a rallié Agnès Buzyn) voulait le supprimer et y créer un couloir vert de 140 hectares. Un espace ponctué de forêts de rafraîchissement climatique, de maraîchers, de parcs et de fermes bio. L’homme d’affaires Marcel Campion veut, lui, réaliser une « étude complète et chiffrée afin d’évaluer les possibilités d’aménagement d’un périphérique souterrain à péage sous celui de 35 kilomètres existant déjà autour de Paris ». Un projet qu’il souhaite sans aucune nuisance pendant les travaux, et ne coutant pas un seul euro aux contribuables…

 

A Paris, avec Hidalgo, Buzyn, Dati… Le scénario est loin d’être écrit !

 

 

[1] https://www.institutmontaigne.org/municipales-2020/paris/urbanisme-logement