Lors du premier confinement mis en place à partir du 16 mars 2020, les entreprises ont été contraintes d’organiser le télétravail de leurs collaborateurs. Du jour au lendemain. Les déplacements étant devenus impossibles et la continuité de l’activité devant se faire à distance, c’est un véritable choc qui a eu lieu. On estime à 8 millions le nombre d’emplois qui ont été concernés par ce passage au télétravail. Non sans quelques conséquences. Alors, avec le second confinement lancer à la fin du mois d’octobre, la peur de voir à nouveau émerger des risques psychosociaux est bien réelle de la part des spécialistes. Explications.

Les effets néfastes du télétravail et l’émergence des risques psychosociaux

Les risques psychosociaux (abrégés RPS) sont définis par l’INRS comme les « risques pour la santé physique et mentale des travailleurs ». Leurs causes sont à rechercher à la fois dans les conditions d’emploi, les facteurs liés à l’organisation du travail et aux relations de travail. Troubles de la concentration, du sommeil, irritabilité, nervosité, fatigue importante, palpitations… voilà autant de symptômes qui ont aussi des conséquences (absentéisme, turnover, ambiance de travail dégradée).

Le télétravail généralisé – qui suppose un isolement – peut avoir des conséquences pour les personnes les plus fragiles et plus généralement tous les collaborateurs. Un constat qui n’épargne aucun secteur d’activité. Cet éloignement du bureau et des collègues n’est pas le seul risque qui pèse sur la santé des travailleurs concernés. En trouvant un coin de table en guise de bureau ou en annexant une chambre pour en faire un espace de travail, on s’expose aussi à un chevauchement fort entre vie personnelle et vie professionnelle. Une frontière parfois déjà floue, qui devient ici encore plus difficile à appréhender.

Travailler à distance et maintenir une unité dans l’entreprise

C’est aussi la montée des tensions au sein des équipes qui, avec le télétravail, connaît un regain. Alors qu’il est de coutume simple et rapide de régler les conflits de vive voix, cela s’avère plus complexe par écrans interposés. La force de travail collective en est souvent impactée.

Stressés, avec une surcharge de travail, un désengagement lié à la distance (et au chômage partiel souvent utilisé), les collaborateurs peuvent mal vivre le télétravail.

Selon une étude du cabinet GAE Conseil, expert des addictions en entreprise, trois facteurs ont été identifiés pouvant accélérer les addictions (comme une consommation en hausse d’alcool, de cigarettes et de nourriture). Il s’agit de l’angoisse liée à l’épidémie, de la perte des repères et les changements d’habitudes, ainsi que l’ennui. Trois éléments liés au fait de ne plus se rendre quotidiennement au bureau (ou du moins sur une base régulière).

On le comprend, en stoppant cette action si classique d’aller au bureau, les conséquences psychosociales sont multiples.

Le management doit intégrer les risques psychosociaux

Zoom, Teams, Skype, Meet : ces nouveaux modes de fonctionnement à distance sont désormais devenus des compagnons du quotidien. Les dispositifs techniques sont en place sur les ordinateurs des collaborateurs, le service IT suit. Si du côté hardware et software, le premier confinement a été un vrai stress-test, qu’en est-il en ce qui concerne la santé des collaborateurs ? « On se croit mieux préparé mais on sous-estime les graves inconvénients pour les personnes isolées » explique François Cochet, président de la Fédération des intervenants en risques psychosociaux . « Si le virus Covid-19 est d’abord un risque médical classique, la crise dans laquelle il plonge nos sociétés aura bien des effets de nature psychosociale ».
Comment doivent agir les entreprises ? Le management doit intégrer les risques psychosociaux :
• En faisant de la prévention et en l’incluant dans la stratégie et la culture de l’entreprise.
• En expérimentant de nouvelles formes d’organisation du travail – moins hiérarchiques – avec un usage raisonné des nouvelles technologies.
• En bâtissant un dialogue social avec la confiance et la transparence comme valeurs fondamentales.
• En repensant les espaces de bureaux et en intégrant de nouvelles solutions (coworking, espaces partagés) qui correspondent aux besoins nouveaux.
Une négociation sur le télétravail est ouverte depuis la mi-novembre entre partenaires sociaux. L’idée est de poser un cadre et de définir comment il sera possible à l’avenir d’assurer une continuité de l’activité à domicile en cas de circonstances exceptionnelles (si nouvelle épidémie il y a par exemple). Des discussions qui pourraient aboutir sur un nouvel arsenal de dispositions pour réduire les risques psychosociaux qui touchent les télétravailleurs.

  • i l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles